Rapport d’activité et de développement durable 2020

Rebondir : Entretien avec Augustin de Romanet Président-directeur général de Groupe ADP

Rebondir : Entretien avec Augustin de Romanet Président-directeur général de Groupe ADP

C’EST EN REGAGNANT LA CONFIANCE DES PASSAGERS ET EN ACCÉLÉRANT NOTRE TRANSITION ÉNERGÉTIQUE QUE NOUS REBONDIRONS.

Augustin de Romanet 

Président-directeur général 
de Groupe ADP

La crise historique provoquée par la pandémie de Covid-19 a très durement touché le transport aérien. Comment le Groupe ADP a-t-il traversé l’année 2020 ?

Augustin de Romanet : Dans l’histoire du transport aérien, le coup d’arrêt sur le trafic est sans précédent du fait de sa brutalité, son ampleur et sa durée. Pour la première fois depuis 50 ans, deux piliers de l’aérien – la connectivité et la croissance – sont ébranlés. La connectivité, qui consiste, pour un pays, à accepter les passagers du monde entier, est durablement amoindrie en raison des restrictions aux voyages décidées par les États (quarantaines imposées, fermetures des frontières, etc.). La croissance sur l’ensemble du réseau opéré par nos aéroports en France et à l’international, a été stoppée net à compter du mois de mars et le trafic total a accusé une baisse de 60,4 % à 96,3 millions de passagers en 2020. À Paris, alors que nous accueillions 108 millions de passagers en 2019, le trafic n’a atteint que 33,1 millions de passagers l’an dernier, entraînant une perte importante de chiffre d’affaires.

Face à la chute de l’activité et à la crise sanitaire, le premier réflexe a été d’assurer la sécurité sanitaire des passagers et des personnels en aéroport. Nous avons sans délais renforcé nos procédures sur les opérations de nettoyage, posé des protections en plexiglass et une signalétique pour le respect de la distanciation physique, mis à disposition des distributeurs de gel hydroalcoolique tout au long du parcours passagers, installé des caméras thermiques aux arrivées et des centres de dépistage Covid en lien avec le réseau de laboratoires Cerballiance. Nous avons aussi été moteurs, auprès des services de l’État, pour établir des protocoles et aider à restaurer la confiance, à l’instar des vols dit de « corridors sanitaires », en lien avec l’agence européenne de sécurité de l’aviation aérienne. Nous avons été proactifs tout au long de l’année. En étant, par exemple, à l’initiative de la disposition ayant conduit à ce qu’un passager, en provenance d’un pays classé en zone dite « rouge », ne pénètre pas sur le territoire national, sans avoir un test de dépistage PCR négatif.

L’autre priorité a été de stabiliser la situation financière et opérationnelle du Groupe au regard de la situation du trafic. Elle s’est traduite sur de nombreuses plates-formes par des fermetures d’infrastructures. Tel a été notamment le cas pendant plusieurs mois, pour la première fois de son histoire, de Paris-Orly. Dans ce contexte, en outre, un plan d’économie de grande ampleur à l’échelle du Groupe a été conduit, pour un montant total de 668 millions d’euros. Nous appuyant sur cette mobilisation, nous devrons continuer, dans les années suivantes, à faire preuve d’agilité en fonction du niveau du trafic. Par ailleurs, nous avons levé sur les marchés obligataires un total de 4 milliards d’euros entre avril et juillet 2020, stabilisant ainsi la liquidité du groupe a un niveau élevé à partir de l’été. La réduction de l’activité a conduit au déploiement de l’activité partielle, qui a concerné la majeure partie des salariés en 2020. De manière pérenne, afin d’adapter notre modèle économique et social, structuré jusqu’à présent dans l’optique d’accompagner une croissance continue et rapide du transport aérien, au nouveau contexte du secteur, un accord de rupture conventionnelle collective a été signé dans le cadre du dialogue social. Il autorise 1 150 départs, en cours de mise en œuvre, dont 700 non remplacés. Des mesures unilatérales conduisant à des efforts de baisses de rémunération sont également prises. Enfin, dans ce contexte modifié, les objectifs présentés dans le cadre du plan stratégique «  Connect 2020  » ont perdu leur pertinence et les investissements associés au contrat de régulation économique 2016-2020 ont été remis en cause si bien que nous avons obtenu de l’État de sortir de ce cadre de régulation pluriannuel. La proposition en cours de consultation pour le prochain CRE a, de même, été déclarée caduque.