Rapport d’activité et de développement durable 2020

Rebondir : Entretien avec Augustin de Romanet Président-directeur général de Groupe ADP

En prenant 49 % au sein de l’indien GMR Airports, nous posons les bases d’un nouveau partenariat industriel durable et avons constitué l’un des tout premiers réseaux mondial d’aéroports.

L’abandon du projet de terminal 4 à Paris-Charles de Gaulle et le lancement d’une nouvelle réflexion sur l’aménagement de la plateforme s’inscrivent-ils dans ce nouveau paysage ?

Oui, le projet initial, conçu avant la crise, visait à répondre au défi de la croissance, mais aussi et surtout à améliorer l’accueil et la qualité de services. Le gouvernement nous a demandé d’abandonner ce projet tel qu’il avait été pensé initialement et de réfléchir à de nouveaux aménagements pour le futur de l’aéroport, devenu l’an dernier le premier aéroport en Europe.

Nous voulons dorénavant prendre le temps de la réflexion, pour voir comment transformer la plateforme aéroportuaire, avec l’ambition de la neutralité carbone en 2030, puis du zéro émission nette en 2050. Cela impose d’intégrer dès la conception de nouvelles exigences, avec des infrastructures capables par exemple d’accueillir à terme l’avion à hydrogène ou fonctionnant avec des carburants alternatifs durables. Autrement dit, nous avons devant nous une opportunité unique pour travailler sur l’avenir du transport aérien, en prenant en compte très en amont les attentes fortes des passagers et de la société civile sur la décarbonation de l’avion et sur la préservation de la biodiversité.

Pourrez-vous néanmoins capitaliser sur le travail déjà mené sur le projet de terminal 4 ?

Le travail d’études de très grande qualité accompli depuis trois ans par les équipes nous a permis de progresser dans de nombreux domaines : celui des études techniques et de faisabilité ou encore sur la gestion de la concertation publique. Ce travail reste utile : certaines avancées sont acquises de façon pérenne, comme la mise en œuvre des descentes continues sur les avions, permettant aux équipages, en évitant les paliers à l’approche d’un aérodrome, de moins solliciter les moteurs et donc de réaliser des économies de carburant tout en limitant les nuisances sonores. Nous avons aussi pu identifier des solutions concrètes à des problématiques opérationnelles comme la mobilité terrestre entre les terminaux ou le traitement des déchets. Cette expertise unique va nourrir les réflexions pour imaginer le futur de la plateforme de Paris-Charles de Gaulle, mais aussi de tous nos autres aéroports.

Quelle est votre feuille de route pour les mois à venir ?

Nous allons à la fois poursuivre l’adaptation nécessaire de notre modèle économique et social, mais aussi pérenniser un cadre de confiance pour tous nos voyageurs, en conciliant haut niveau d’exigence sanitaire et plaisir retrouvé de voyager. C’est pourquoi nous expérimentons à la fois l’utilisation du pass sanitaire, mais aussi des technologiques innovantes sur le plan sanitaire avec les lauréats du « Safe Travel Challenge », un concours d’innovation organisé en 2020. Ces innovations constituent un gisement d’idées précieuses pour repenser le parcours et l’expérience passager. Il en va de même pour tout ce qui a trait au Smart Airport et qui aide à simplifier et à fluidifier le parcours, comme la biométrie et le big data.