Rapport d’activité et de développement durable 2020

Entretien avec Alexandra Locquet, Directrice Audit, Sécurités et Maîtrise des risques, Groupe ADP

Chapitre 1. Rassurer

Entretien avec Alexandra Locquet, Directrice Audit, Sécurités et Maîtrise des risques, Groupe ADP

TOUT AU LONG DE L’ANNÉE, NOUS AVONS ÉTÉ MOTEUR ET FORCE DE PROPOSITIONS
SUR LE PLAN SANITAIRE.

Face à l’ampleur de la crise liée à la Covid-19, le Groupe ADP a su s’adapter sans transiger avec les impératifs de sécurité et préserver la confiance de ses parties prenantes, rappelle Alexandra Locquet, Directrice Audit, Sécurités et Maîtrise des risques. Il a aussi anticipé l’avenir, en renforçant encore sa veille et sa maîtrise des risques.

Alexandra Locquet, 

Directrice Audit, Sécurités 
et Maîtrise des risques, Groupe ADP

Dans le secteur très réglementé qui est le vôtre, quels ont été les impacts de la crise du Covid-19 ?

Cette crise, à la fois très brutale et longue, a accentué le besoin de sécurité de nos passagers et de nos collaborateurs, mais aussi montré la nécessité de sécuriser encore davantage l’ensemble de nos processus. Elle a eu un impact sur toutes nos activités et sur toutes les directions de l’entreprise.

Notre cellule de crise a vu son périmètre élargi. Nous avons travaillé de façon collaborative, agile, au rythme de l’évolution des consignes et de la réglementation.

Étiez-vous prêts à réagir ?

Le transport aérien, parce qu’habitué à gérer des crises de toutes natures, a sans doute perçu avant d’autres secteurs de l’économie l’ampleur de la crise qui s’annonçait. Concernant le Groupe ADP, l’entreprise était aussi bien préparée que possible et avait établi des plans de continuité d’activité et un plan pandémie définissant les règles à suivre et les actions à conduire en cas de crise sanitaire. Deux exercices simulant des crises sanitaires avaient d’ailleurs été réalisés en 2019 et les équipes étaient prêtes pour faire face à ce type de situation. Dès janvier, nous étions en vigilance et dès le mois de mars, nous activions notre cellule de crise où se tenait chaque jour une réunion de coordination rassemblant des représentants de toutes les directions de l’entreprise. Cette cellule de crise reportait directement au comité exécutif, lui aussi très impliqué. Nous avions déjà activé ce type de structure par le passé mais, cette fois, le périmètre a été élargi. Y ont été associées par exemple, la direction des Achats, laquelle a été très sollicitée au début pour les dotations de masques et de gel hydroalcoolique, ou encore la direction générale des Opérations (DGO) faisant le lien entre tous les aéroports de notre réseau. Nous avons travaillé de façon collaborative et agile, au rythme de l’évolution des consignes et de la réglementation. À l’heure où nous parlons (mars 2021), cette cellule est toujours active.

Nous avons fait évoluer notre cartographie des risques. Le risque épidémique est devenu un sujet à part entière avec une acuité nouvelle.

Quelles étaient vos priorités ?

Assurer davantage de coordination et encore plus de maîtrise était essentiel.
Le sens éthique et le socle de nos valeurs – faites d’hospitalité et de responsabilité – nous y ont aidés. La première de nos priorités fut de veiller à la sécurité sanitaire des personnels et des passagers. Nous avons aussi dû nous assurer, dans un contexte d’activité partielle et de télétravail, que tous nos process étaient robustes et sécurisés. Par exemple, au sein même de notre direction, alors que nous étions en télétravail, il était impératif que les principes de protection des données personnelles ou de lutte anticorruption continuent d’être respectés à la lettre. Pour cela, nous avons renforcé le contrôle interne et procédé à des audits plus ciblés.

Assurer la sécurité, c’était la condition sine qua non pour restaurer la confiance ?

Absolument et nous nous sommes attachés à rassurer l’ensemble de nos parties prenantes : passagers, compagnies aériennes et prestataires, sous-traitants et fournisseurs, services de l’État, riverains et collectivités locales, investisseurs et actionnaires... Nous avons travaillé avec la direction des Ressources humaines pour distribuer à nos collaborateurs des kits sanitaires pour pouvoir travailler en toute sécurité. Alors que les normes édictées par les autorités sanitaires ont évolué au fil des mois, nous les avons parfois devancées en prenant un certain nombre d’initiatives destinées à assurer la meilleure sécurité sanitaire à nos passagers.

Tout au long de l’année, le Groupe ADP a été moteur et force de propositions sur le plan sanitaire, par exemple en installant – alors que ce n’était pas obligatoire – des caméras thermiques aux arrivées à Paris ou encore des centres de dépistage anti-Covid en aéroport où les passagers pouvaient se faire tester.

Nous avons réalisé une étude comparative des dispositifs sanitaires déployés dans nos différents aéroports à travers le monde. Le fait d’être un groupe international nous a aidés puisque dans le cas des caméras thermiques, nous avons pu bénéficier de l’expérience de nos aéroports à Madagascar où ce dispositif a cours depuis des années en raison des risques épidémiques. Nous restons proactifs et en pointe sur des sujets stratégiques de 2021 comme les certificats ou pass sanitaires, indispensables au retour de la confiance.

La crise a-t-elle modifié durablement votre approche des risques ?

Nous avons beaucoup appris à l’occasion de cette crise, en faisant évoluer notre cartographie des risques. Nous avions déjà travaillé, lors de précédentes crises sanitaires, comme celles du SRAS ou d’Ebola, sur le risque épidémique, mais celui-ci était inclus dans une catégorie générique. Avec la crise de la Covid-19, c’est devenu un sujet à part entière. D’autres curseurs ont été déplacés : les risques liés à l’effondrement ou à l’arrêt du trafic aérien étaient bien sûr des indicateurs que nous suivions, mais ils ont pris une acuité nouvelle. Les déséquilibres économiques et financiers, les risques de trésorerie ont aussi été réévalués. Une fois chaque risque identifié, nous avons défini, avec les directions concernées, des plans d’action concrets.