L’ampleur de la crise a obligé le Groupe ADP à mettre en œuvre un plan d’optimisation opérationnel et financier, avec parfois des mesures très fortes comme la fermeture de terminaux et le recours à l’activité partielle.
2 137 M€
CHIFFRE D’AFFAIRES
CONSOLIDÉ
-1 123 M€
RÉSULTAT OPÉRATIONNEL
COURANT1
168 M€
EBITDA
4 213 M€
CAPITAUX PROPRES
-1 169 M€
RÉSULTAT NET
PART DU GROUPE
7 484 M€
ENDETTEMENT
NET2
La chute brutale, extrêmement rapide et massive du trafic aérien a logiquement pénalisé le trafic du Groupe ADP. Celui-ci a chuté de 60,4 % en 2020, avec 96,3 millions de passagers accueillis sur l’ensemble des aéroports du réseau, lequel intègre désormais GMR Airports dont la contribution a permis d’atténuer la baisse. À Paris Aéroport, le trafic réalisé sur les aéroports Paris-Charles de Gaulle et Paris-Orly s’est limité à 33,1 millions de passagers contre 108 millions en 2019, une année record en ce qui concerne la fréquentation.
Cette forte baisse du trafic s’est répercutée au niveau du chiffre d’affaires consolidé, lequel, en l’espace d’une année, est passé de 4,70 milliards à 2,14 milliards d’euros. Malgré cela, le Groupe ADP est parvenu à maintenir un EBITDA positif à 168 millions d’euros. Une prouesse rendue possible par la mise en œuvre, rapide, d’un plan d’optimisation opérationnel et financier, portant à la fois sur des fermetures d’infrastructures à Paris et à l’international, des économies sur les coûts ou encore sur le réexamen des dépenses d’investissement.
Dans le cadre de ce plan d’optimisation, adapté en cours d’année en fonction de l’évolution de la situation avec un objectif de réduction des charges courantes de 650 à 700 M€ sur l’année, les économies réalisées se sont élevées à 668 M€ par rapport à 2019, dont 423 millions au niveau de la maison-mère Aéroports de Paris SA (incluant notamment 84 millions liés à la fermeture des infrastructures à Paris et 118,5 millions aux mesures d’activité partielle résultant de la baisse d’activité).
L’une des urgences a été de renforcer et de sécuriser la structure financière. Par le biais de deux émissions d’emprunts obligataires – la première pour 2,5 milliards d’euros en avril, la seconde pour 1,5 milliard en juillet – les capitaux nécessaires ont été levés pour stabiliser la trésorerie à un niveau élevé. Avec 3,5 milliards d’euros de liquidités disponibles à fin 2020, le Groupe n’anticipe pas de problèmes de trésorerie à court terme, ni de difficultés de financement à moyen ou à long termes.
Pour s’adapter à la réalité du trafic, le Groupe a fait preuve d’une grande agilité et d’une bonne maîtrise via l’ajustement de ses capacités aéroportuaires, en fermant et en rouvrant tout ou partie de ses terminaux et aéroports, en France comme à l’international. Chaque terminal a été géré comme une entité propre, que le Groupe a pu fermer, puis rouvrir très rapidement en fonction des besoins et en lien avec les compagnies aériennes et les services de la navigation aérienne. Au fil des semaines et des mois, un savoir-faire précieux a été développé pour gagner en agilité et en réactivité.
À Paris Aéroport, les vols commerciaux ont été suspendus à Paris-Orly du 1er avril au 26 juin 2020, et la moitié des surfaces des terminaux de Paris-Charles de Gaulle demeure fermée. En concentrant le trafic résiduel sur un nombre restreint de terminaux – les plus performants, le Groupe réduit ses frais de structures, allège ses coûts d’exploitation, mais aussi ceux de ses clients compagnies aériennes. Celles-ci ont aussi bénéficié de mesures d’accompagnement comme l’exonération des redevances de stationnement pour les avions immobilisés au sol du fait de la crise. Hors bâtiments aéroportuaires à Paris, le Groupe a également fermé près de 70 % de ses immeubles tertiaires, essentiellement des immeubles de bureaux à Orly et à Roissy.
Pour adapter ses effectifs, le Groupe a également eu recours à l’activité partielle : entre mars et décembre 2020, le taux moyen d’activité partielle des collaborateurs de la maison-mère Aéroports de Paris SA aura été de 50 %. En outre, en son sein un accord de rupture conventionnelle collective (RCC) signé à l’unanimité par les représentants du personnel fin décembre autorise 1 150 départs volontaires sur l’année 2021, dont 700 seront non remplacés.
Enfin, le nouveau contexte du secteur aérien marqué par une modification durable du trafic a conduit à réexaminer la feuille de route en matière de trajectoires financières et la politique d’investissements (lire aussi page 34). La crise de la Covid-19 a rendu impossible l’atteinte des objectifs financiers liés au plan stratégique Connect 2020. En sortant du mécanisme du Contrat de Régulation Économique (CRE) qui le lie à l’État pour une période quinquennale et en stoppant le processus d’élaboration du prochain CRE (pour la période 2021-2025), le Groupe ADP, placé dans un contexte d’incertitude inédit depuis son introduction en Bourse en 2006, a retrouvé la possibilité de soumettre ses tarifs à l’homologation et de programmer ses investissements sur une base annuelle tant que la visibilité sur les perspectives du secteur restera insuffisante. Plan d’économies oblige, l’enveloppe d’investissements en 2020 a été réduite à 689 millions d’euros (dont 463 millions d’euros sur le périmètre dit régulé) : elle sera également comprise entre 500 et 600 millions d’euros par an cette année et en 2022.
Le Groupe ADP entend poursuivre la transformation de son organisation, de ses procédures et méthodes de travail. Sur le terrain des activités commerciales par exemple (boutiques, bars et restaurants en aérogares), son plan d’action est construit avec la collaboration des différentes filiales et coentreprises, opérateurs et marques présents en aéroport… Il prévoit des actions de soutien à court terme, sur la période 2020-2022, pour optimiser les coûts, contenir l’endettement et préparer les réouvertures des commerces fermés au fur et à mesure de la remise en service des terminaux en lien avec le trafic. Mais aussi avec des actions plus structurelles pour améliorer la productivité des commerces à travers la structuration de l’activité sous forme de filiales commerciales dans une logique One Group. C’est en partie grâce à ce travail de « fine tuning » (réglage fin) que l’indicateur clé dans les commerces parisiens – le chiffre d’affaires par passager sur les boutiques en zones réservées – a été préservé l’an dernier à 19,1 euros (-3,0 % par rapport à 2019).
En conséquence, l’entreprise doit adapter son pilotage financier et sa politique d’investissement à une visibilité qui reste aujourd’hui dépendante de l’évolution de la pandémie, des campagnes de vaccination et du rythme avec lequel les États rouvriront leurs frontières : préalables à une reprise durable et solide du trafic aérien à l’échelle mondiale.
1. Le Groupe ADP a comptabilisé les résultats de GMR Airports par mise en équivalence à hauteur de 24,99 % entre mars et juin 2020 puis à hauteur de 49 % à partir de juillet 2020 (sur les prises de participation dans la société GMR Airports, voir les communiqués de presse des 20 et 26 février 2020, et du 7 juillet 2020).
2. La méthode de calcul de la dette financière nette a été modifiée entre 2019 et 2020. En 2020, la méthode appliquée est la suivante : « dette brute diminuée des dérivés actifs de couverture de juste valeur, de la trésorerie et équivalents de trésorerie et des liquidités soumises à restriction », tandis que pour 2019 la méthode appliquée était la suivante : « dette brute diminuée des créances et comptes-courants sur les entreprises mises en équivalence, des dérivés actifs de couverture de juste valeur, de la trésorerie et équivalents de trésorerie et des liquidités soumises à restriction ». À titre de comparaison, la dette financière nette au 31 décembre 2019, figurant en page 5 du communiqué de presse du
10 février 2020 sur les résultats annuels 2019, s’élevait à 5 254 millions d’euros.